La chlorhexidine est un antiseptique de choix en parodontologie. Cette molécule est fréquemment prescrite en adjuvant thérapeutique sous forme de bain de bouche et/ou de dentifrice dans le cadre du traitement des patients présentant une gingivite ou une parodontite (Figuero et al. 2020).
Toutefois, un communiqué de pharmacovigilance publié le 30 novembre 2023 par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) alerte les professionnels de santé et les patients : « Nous observons une augmentation constante du nombre de déclarations de réactions allergiques graves associées à la chlorhexidine ». La chlorhexidine est utilisée dans de nombreuses indications (désinfection cutanée avant prélèvement sanguin, désinfection des plaies) et dans de nombreux produits (collyres, pastilles, gels, sprays) que ce soient des médicaments ou des cosmétiques, et ce chez un grand nombre de personnes. Par exemple, le nombre de patients ayant reçu au moins un remboursement de médicament à base de chlorhexidine est estimé à 6 millions par an selon la base de données de l’ANSM. Cette forte exposition de la population à la chlorhexidine expliquerait l’augmentation du risque allergique par une sensibilisation en hausse.
Pour rappel, deux types de réaction allergique sont possibles avec la chlorhexidine : la réaction de type 1 immédiate et grave et la réaction de type 4 retardée. L’allergie de type 1 médiée par les IgE survient généralement dans l’heure qui suit l’utilisation de la chlorhexidine. Elle se manifeste par de l’urticaire, un gonflement du visage et des difficultés respiratoires voire un choc anaphylactique. Elle reste rare, mais si elle survient en cours de soin au cabinet ou au domicile du patient, il faut alors cesser d'utiliser le produit à base de chlorhexidine incriminé et appeler immédiatement les services d’urgence (112). La réaction de type 4 (allergie retardée) se manifeste par un eczéma de contact au niveau cutané et un érythème (voire des ulcérations) au niveau buccal.
En prévention, il semble raisonnable dans notre exercice de bien mesurer le bénéfice-risque de la prescription d’un antiseptique en adjuvant thérapeutique dans le cadre du traitement parodontal. Si un risque allergique à la chlorhexidine est suspecté chez un patient, il faut considérer les alternatives thérapeutiques (traitement mécanique seul, autres molécules). De plus, l’ANSM rappelle que pour nettoyer une plaie superficielle (coupure peu profonde et peu étendue, brûlure superficielle et peu étendue) le lavage à l’eau claire et au savon est l’attitude de première intention.
Comme pour tout antimicrobien, l’usage des antiseptiques n’est pas systématique. L’augmentation du risque allergique à la chlorhexidine nous oblige à une évaluation tant de son indication que du terrain propre à chaque patient.
Figuero, E., S. Roldan, J. Serrano, M. Escribano, C. Martin, and P. M. Preshaw. 2020. 'Efficacy of adjunctive therapies in patients with gingival inflammation: A systematic review and meta-analysis', J Clin Periodontol, 47 Suppl 22: 125-43.
